Et si Octobre rose, c'était toute l'année ?
Et si Octobre rose, c'était toute l'année ?
Pour une ré-évaluation des liens entre bien-être professionnel et cancer du sein

Selon le dernier baromètre sur la santé mentale au travail publié par Malakoff Humanis, 45 % des femmes salariées s’avouent en mauvaise santé mentale, contre 32% chez les hommes. Cette souffrance a augmenté de 4 points par rapport à l’année précédente, ce qui rend la situation assez préoccupante.
Les origines du mal-être psychique des femmes au travail sont diverses. Les facteurs professionnels en sont responsables certes, mais pas que. La combinaison des facteurs personnels et professionnels constitue le plus souvent le duo gagnant du sentiment de mal-être féminin. La conciliation vie privée et vie professionnelle reste un gros sujet de préoccupation, mais également l’intensité et le temps de travail qui minent 65 % des femmes. De plus, 41% évoquent également la dégradation des rapports sociaux.
Ainsi, la qualité de vie dans le milieu professionnel, qu’il s’agisse des rapports entre collègues, de l’environnement professionnel ou de la charge de travail, influence radicalement le bien-être des employés.
Dans nos accompagnements du stress en entreprise, les premières causes de stress au travail sont associées aux exigences liées au travail, aux changements subis, ainsi qu’au manque d’autonomie et de reconnaissance. Les conflits interpersonnels figurent souvent au sommet des stress subis, sans doute au moins en partie à cause de l’héritage éducatif des femmes (on ne se bat pas en cours de récréation). Enfin, la frustration peut également être un facteur délétère, au moins autant qu’un lien hiérarchique inadéquat (harcèlement, manque de décision, favoritisme, etc).
Parmi les causes endogènes au stress récurrentes chez les femmes, on retrouve le plus souvent le désir de faire plaisir et la recherche de perfection, le manque de confiance en soi et de valorisation de son travail. La recherche de relations harmonieuses, la peur du regard de l’autre et du conflit, le besoin de coopération (vs compétition) et de sens viennent compléter la liste des difficultés auxquelles se heurtent principalement les femmes dans leurs quotidiens professionnels.
Pourquoi s’intéresser particulièrement au stress des femmes en ce mois d’octobre ?
Parce qu’il ne vous a pas échappé que le mois d’octobre est le mois de la lutte contre le cancer de sein, quasiment exclusivement féminin.
Chaque année, environ 58 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués en France.
Le cancer du sein est l'une des formes les plus courantes de cancer chez les femmes à travers le monde. Et bien que de nombreux facteurs puissent contribuer au développement de cette maladie, il existe une corrélation croissante entre le stress et les cancers du sein.
Une étude publiée dans le Journal of Clinical Oncology a révélé que les femmes qui avaient vécu des événements stressants majeurs, tels que la perte d'un être cher ou un divorce, présentaient un risque plus élevé de développer un cancer du sein. Les chercheurs ont également constaté que les femmes qui présentaient des niveaux élevés de stress avaient des tumeurs plus agressives et un pronostic moins favorable de guérison. L’accompagnement des femmes dans le retour au travail après un cancer du sein dans un environnement favorisant la réduction du stress serait donc un adjuvant important de la guérison de celles-ci.
Le stress peut également affecter le mode de vie des femmes, ce qui peut contribuer indirectement au développement du cancer du sein. En période de stress, de nombreuses femmes ont tendance à adopter des comportements malsains tels que la consommation excessive d'alcool, le tabagisme, une alimentation déséquilibrée et le manque d'exercice physique. Tous ces facteurs sont associés à un risque accru de cancer du sein.
Soulignons évidemment que le stress n'est pas la seule cause du cancer du sein. Il existe de nombreux autres facteurs de risque, tels que l'âge, les antécédents familiaux, les hormones et les facteurs environnementaux.
Une étude menée pour tenter d’évaluer le rôle du stress dans l’incidence du cancer du sein chez les femmes, et publiée en 2022 par la revue International journal of environmental research and public health (1), a cependant mis en évidence que les patientes atteintes d'un cancer du sein et le public croient souvent que le stress explique les variations de l'incidence du cancer du sein. Les études épidémiologiques portant sur la relation entre le stress et le cancer ont pourtant donné des résultats mitigés. Il a néanmoins pu être établi plusieurs pistes de facteurs aggravants dans l’incidence du cancer du sein, tels que le rôle des événements pénibles de la vie, le rôle des événements négatifs de l'enfance, l'importance de la race et du statut socio-économique en tant que déterminants sociaux, et, enfin, le rôle spécifique du stress chronique.
Le stress est une réponse naturelle du corps face à des situations perçues comme menaçantes ou stressantes. Lorsque nous sommes soumis à un stress chronique, notre corps est constamment en état d'alerte. De nombreuses études démontrent que le stress chronique peut affecter le système immunitaire, augmenter l'inflammation et perturber l'équilibre hormonal, ce qui peut favoriser le développement de cancers, y compris le cancer du sein.
Comprendre l'impact du stress sur cette maladie peut donc nous aider à prendre des mesures préventives pour en réduire le risque. Qu’il s’agisse de mesure pour soi, ou pour les autres. En prendre conscience pour les autres et en tenir compte peut aussi contribuer à la guérison de la femme qui reprend son travail après un cancer du sein.
Chacun de nous a des clefs pour lutter contre cette maladie dans son milieu de travail, en limitant les facteurs contraignants pour la personne, et en lui permettant de moins s’en demander.
Le Fonds de dotation PACE est partenaire de la Fondation Agir contre l’Exclusion, en particulier pour son programme Agir Santé qui accompagne le retour à l’emploi / à la formation des femmes ayant été touchées par un cancer.
Le groupe PACE propose des formations et des accompagnements adaptés pour apprivoiser le stress, améliorer le bien-être au travail, et concilier sa vie privée et sa vie professionnelle.
(1) Source : The Role of Stress in Breast Cancer Incidence: Risk Factors, Interventions, and Directions for the Future, 2021 Feb 15, International journal of environmental research and public health.
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